Si j’ai appelé le héros de cette biographie, le héros, c’est que forcément, ça va le faire et que comme c’est un héros, ben un botero par jour, sur un réseau social, c’est bien mais un héros qui trace sa griffe dans la ville c’est quand même plus fun non ? Alors, notre héros, va devenir un vrai adulescent et s’inscrire dans la bêtise comme il dit. Mais moi je dis qu’il va y inscrire son art, sa vision, sa culture, sa pop.
L’un des fers de lance de notre héros (il en a plein la brouette !) c’est la cause féminine ; la place des femmes ; leurs mises en avant ; Alors en ce 8 mars, il va la sortir sa rébellion ! Depuis des années, à chacune de ses escapades parisiennes, il lisait sur le fronton du panthéon : ” Aux grands hommes la patrie reconnaissante ” et ça ce n’était plus vivable pour lui ; il avait envie d’escalader ce fronton et avec un petit burin effacer ce mot gravé par le sculpteur David d’Angers. Il avait envie de crier, d’exprimer sa reconnaissance envers les femmes ; alors oui, il s’est activé et dans son petit salon, il a étalé un grand pan de papier ; recréé la forme du fronton du panthéon et y a inséré une vingtaine de femmes en célébrant ainsi leurs places dans la société. De Josephine Baker à Jeanne de Jeanne et Serge en passant par la Reine, Wanda, WonderWoman… elles étaient là les Boteros_pop girls power !
Chacune avait la mise en avant de leur détail, leur particularité, leur être. Notre héros se devait donc d’aller poser son œuvre à la vue de tous pour interpeller et faire réagir les passants.
Alors en pleine nuit, de ce 8 mars 2019, il vécu l’une de ses premières expériences de colleur de street Art!
Parce que oui, c’est pas le tout de faire son petit dessin (de 2 mètres50 par 60 cm quand même), tranquille dans son salon, avec ses feutres préférés, un fond musical et des tulipes. Ben non, c’est pas le tout, faut aussi préparer la stratégie !
Et là encore v’la un petit monde inconnu qui s’ouvrait à lui ; et ça il adorait. Parce qu’il y a des héros pétochards qui se confortent dans leurs petits slips et collants et qui partent juste sauver leur petite bourgade quand ils sont bipés et il y a lui qui ose, qui teste, qui découvre et s’ouvre au monde.
Donc stratégie, Moteur ! Action !
- Dessin Botero panthéon des femmes, check !
- Casquette et barbe pour se confondre avec la foule, check !
- La nuit qui tombe pour sortir encore plus incognito, check !
- Potion magique pour faire coller le papier sur un mur, check !
- Un pote, non deux potes pour maintenir le dessin afin de le coller, check !
Bon, allez go, tous en Jeep et en route pour l’aventure !
Par cette belle nuit étoilée de mars (non j’en sais rien, m’en rappelle plus du temps qu’il faisait mais c’est pour l’histoire donc ferme les yeux et imagine cher lecteur ; heu non ouvre les yeux et lis !) ; je reprends : Par une belle nuit constellée d’étoiles (c’est mieux pour coller avec le sujet), notre héros, en conduisant sa jeep, songeait à tout ce petit parcours qu’il avait fait depuis son lycée et la création de son personnage, toutes ces revendications qui étaient demeurées sans retour, tout son chemin parcouru pour en arriver, au final, un soir de mars 2019, à être trois potes dans une bagnole à coller avec de l’eau et de la farine un hymne aux femmes !
VOUS ÊTES ARRIVÉS À DESTINATION.
Le trio était désormais devant le mur ; devant ce mur encore vierge de toute rébellion : encore intacte, sans vie, sans expression. Que dit un street artiste à un mur avant d’y coller quelque chose ?
Est-ce que c’est comme quand tu vas acheter des fringues où la vendeuse te court après pour te dire :
” non mais je mettrais pas du rouge avec votre teint, ça vous liquéfie ; prenez celui en parme, ça va vous rehausser ! “
Je crois que c’est un secret d’initié en fait. Il doit y avoir une formule qui se dit de street artiste en street artiste avant chaque collage (je note que c’est un sujet à creuser).
Donc le trio se retrouve devant le mur, petite incantation… et hop, on sort le gros pinceau, la colle et l’œuvre botero de la bagnole. Tout cela bien sûr dans la plus grande discrétion car le quartier est habité par des êtres humains qui sont assez sensibles aux bruits. Et du coup, c’est pour ça que tu verras jamais, en règle générale, un street artiste en talon ou avec des petits fers sous ses semelles. Ils sont toujours avec des baskets ! Pour échapper aux bruits ! Même les tongs, ils évitent parce que sinon, le ting tong, ça peut ameuter le monde aussi.
Tu vois, y ‘a quand même plein de codes à acquérir mine de rien pour un vrai et pur street artiste !
Donc, stratégie organisationnelle ; faut aller vite, ne pas se faire repérer, poser droit et sourire à la vie !
Les deux potes de chaque côté, le héros qui dirige et qui insuffle courage et détermination à son équipe avant de se saisir de son gros pinceau. Et c’est parti pour le barbouillage, on pose la colle, on applique l’œuvre bien droite et on repose de la colle. Après, on regarde… et on s’enfuit en courant à l’approche de la première voiture que l’on entend !
Une fois la voiture passée et le trio ressortit de derrière les contenaires du poissonnier de la place… on fait la photo ! Et oui faut quand même immortaliser l’œuvre !
Bon je vais rien vous dire sur les larmes refoulées intérieurement par notre héros, sur son sentiment de belle fierté de démontrer au peuple que David d’Angers il aurait quand même pu foutre des gonzesses dans sa fresque même si c’était une commande de l’état ! Il était pas très rock n’roll au final ce mec. Heureusement que Botero POP est là pour rattraper le coup.
Donc après cette page émotion, le trio repart et dodo pour tout le monde. La nuit constellée d’étoiles ayant laissé sa place à une matinée crémeuse, notre héros se décida à aller voir son œuvre au grand jour et sur un mur qui se voulait tout sec et sans colle. Donc hop, la jeep, le retour. Et v’la que notre héros déambule mine de rien dans la rue et hop tourne à droite pour apercevoir son collage !
Et là, ouahhhhh amazing, il était beau, il sentait bon la colle à la farine ! Re photo pour l’album et flash d’admiration à soi-même, ça fait pas de mal.
Le cœur de notre héros était reboosté ; en même temps tant mieux parce que sinon l’histoire se serait finie sur un drame. Mais le drame justement rodait déjà tout près de lui, et lui ne voyait rien ; lui, il était juste dans une belle journée. La crème du matin avait laissé sa place à un tantôt langoureux et délicatement ensoleillé. De sa demeure, notre héros se permettait un délassement bien mérité. Il avait tellement œuvré pour son panthéon qu’il pouvait siroter sa guiness tranquille sur le perron de sa porte devant ses nuages qui emportaient au loin ce qu’ils avaient vu dans cette nuit du 8 mars 2019.
Et oui, cher lecteur, t’es-tu posé la question un jour de ce que pouvaient ressentir les nuages ? Qu’est-ce qu’ils voient ? Où vont-ils ? Qu’est-ce qu’ils font la nuit dans la pénombre ?
Allez, vas-y cherche, j’écoute !
Moi je dirais qu’il y a une théorie qui dit que le nuage, c’est un peu un bonobo au final : il voit tout, il entend tout et il dit rien. Donc si tu veux un vrai pote avec toi pour partager tout de ta vie, adopte un nuage. Bon après faut pouvoir le suivre car il va un peu au gré du vent mais, ça doit être bien appréciable quand même de pas tomber sur des pétasses de potes qui te spolient la fin d’une série parce qu’elles sont trop happy de l’avoir vu sur une chaîne privée avant toi et que même…. Non mais faut m’arrêter cher lecteur quand tu vois que je dévie du sujet. On est ensemble sur cette lecture, ” corporate together ” Ok ! Tu ne me refais plus ce coup là hein. On s’échappe pas comme ça.
Donc, ah oui, le drame rodait… un drame genre une ville qui s’appelle Port-Réal (enfin qui s’appelait) et qui est (enfin qui a été) dévastée par des dragons (saison 8 épisode 5, rien à foutre, je balance, mes seuls amis sont les nuages désormais).
Un drame, que notre héros aurait pu prévoir mais hélas que peut-on prévoir quand l’euphorie de la création vous isole dans un monde arc-en-ciel avec des tournesols. Que peut-on imaginer de pire qu’un pétale de pissenlit qui se pose sur ta joue quand les effluves de la notoriété sont à ta porte… enfin sur le perron ?
Le téléphone de notre héros émit une petite secousse. Il était en position vibreur. Toujours en vibreur quand tu bois une guiness – toujours – sinon la sonnerie fait tourner le malt, ça vire au panaché et c’est imbuvable. Notre héros se pencha sur son téléphone. Un pote lui envoyait une vidéo. Encore un after d’une soirée à découvrir se dit-il innocemment.
C’est alors que notre héros appuya sur la touche play.
Respire cher lecteur
Inspire cher lecteur
Respire cher lecteur
Inspire cher lecteur
Respire cher lecteur
Inspire cher lecteur
Respire cher lecteur
Inspire cher lecteur
C’est toujours par une série de 4 qu’il faut faire cet exercice ; c’est pour que cela soit hyper efficace dans ta ventilation artérielle. Limite respiration du cerveau qui retombe sur les chevilles, un peu comme quand tu fais du smurf et là on revient à sydney, et son hip hop !
C’est fou ce bouquin quand même.
Bon j’arrête mon suspens, je suis sure que tu as envie de savoir pour la vidéo hein ?
Tu as envie de connaître le drame ?
Et mine de rien, tu t’y attaches à notre héros hein !
Alors notre héros appuie sur play. Il a un téléphone apple du coup c’est assez rapide pour le lancement. C’est pour la précision et ça fait continuer le suspens.
Donc, on se redit la scène : notre héros est sur son perron avec un héron.
Non je déconne, il n’a pas de perron.
Donc notre héros est assis, sa petite guiness à côté de lui, sa clope dans la main droite et z’ou il appuie sur lecture pour lancer la vidéo que lui a envoyé un pote.
Là je pense que j’ai bien résumé le contexte car c’est important d’être dans les meilleures conditions possibles et d’avoir tous les détails de la situation du héros pour lire le drame qui va suivre. Ah si donc, au niveau fringue, il est assez basic (quoique très jeune pour son âge au final, mais ça c’est question de génération! Les 70′, on est trop intemporel) tee-shirt, jean et vieilles, très vieilles sneakers mais ce sont ses préférés donc on touche pas ! Et de toute façon tout lui va, c’est un héros.
La vidéo se lance ; on aperçoit au premier plan un véhicule vert type une voiture playmo. Second plan un monsieur avec une lance. Là tu te dis, non, ses potes ont fait un remake de star wars et y’en a un qui a du se prendre un sabre en pleine tronche ou alors avec le sabre, il a cassé un rétro de la playmocar, le rétro il a rebondi sur le pied d’un des mecs qui a fait un pas en arrière et qui est venu percuter une trottinette électrique qui celle-ci très sensible au toucher, s’est mise à avancer toute seule pour aller direct dans la vitrine du bar où était attablé le reste de sa bande de potes ; pour filmer, ça paraît coton quand même, quoique la technologie avançant, les téléphones font de superbes vidéos. Mais bref, non, rien de tout ça.
Notre héros continue d’observer la vidéo qui se dézoome progressivement et là il reconnaît ; il reconnaît exactement l’endroit ; Normal notre héros connaît sa ville par cœur. Tu lui montres la photo d’une pierre qui s’effrite sur une façade il va t’emmener direct à l’endroit de la prise de vue. C’est le limier par excellence. Pas celui de GOT, plus celui qui a un radar en lui, genre Dardevil quoi. C’est à cet endroit même qu’il était hier soir, ce même endroit où il était ce matin et ce même endroit où il kiffait de retourner ce soir. Le mur, ce mur ou il avait collé son Botero. Ce mur qui recevait sur cette vidéo le choc hyper violent d’un nettoyeur haute pression. Ce mur à qui il avait promis de l’embellir, de faire sa renommée avec son collage dessus (quand je vous disais qu’il y avait un rituel de street artiste avant les collages, ben voilà preuve !). Ce mur qui avait reçu son premier acte de street artiste. Et bien ce mur était donc le terrain de jeu d’un employé municipal qui a pour fonction de chasser hors de la vue de certains habitants toute forme d’expression. La brigade anti-tag venait de frapper.
La brigade anti-tag venait de faire disparaître à tout jamais le panthéon des femmes version botero La brigade anti-tag venait par ce geste, d’effacer la première œuvre de notre héros.
Bon, donc là, cher lecteur, vous découvrez comme moi, la violence du street art.
L’artiste pense, conçoit, crée une œuvre en exprimant sa pensée et exposant ses idées. Il la met aux yeux de tous en la collant en pleine rue et bing, 15 heures après, ce n’était qu’un rêve, ce n’était qu’un rêve, mais si beau comme un jour qui se lève… Mais bazar !!! pas Céline Dion quand même !
Si vous m’arrêtez pas quand je lance un trip comme ça, vous n’êtes pas au bout de vos peines. Enfin, là je vois bien que vous en avez de la peine. Mais notre héros lui, il a des tripes. Et le mec il va rebondir. On vous l’a dit, il veut du fun, faire des bêtises et transmettre.
Ok, ça lui a fait un petit quelque chose parce qu’il a passé du temps là-dessus et aurait aimé que plus d’humains puissent voir cette fresque mais bon. Il a des photos, une vidéo et son vécu pour lui. Et 73 likes sur insta, ça gère bien là !
Allez, The show must go one comme dirait Freddy alors allons-y.