On éprouve tous à un moment donné de sa vie de l’ennui, une lassitude qui nous guide vers une évasion. Certains vont la combler en parlant ; en parlant à l’autre, en parlant à l’ennui, en parlant à soi-même. D’autres vont l’évacuer par les gestes ; la sensation de se soulager par des sautillements, des étirements. Et puis, il y a lui, notre héros qui griffonne, dessine et crayonne.
Cette sensation, qui ne s’appelle pas forcement un coke (fameuse pub de 1989) survient en général au lycée. Et quoi de mieux qu’une table de lycée justement pour se concocter un lieu de création ; alors, il y a ceux qui munis d’une paire de ciseaux ou d’un compas – le compas que tu ne reverras jamais de ta vie et dont tu oublieras son utilité quelques mois après, voire même son existence – gravent sur le bois un petit bonheur, une solitude, un emblème. D’autres qui s’ingénient à marquer au crayon de papier des anti-sèches dans les veinages du bureau. Et puis, il y a lui, notre héros qui avec juste une feuille et son crayon fétiche va s’échapper et se questionner. Bon alors au départ, on va pas se mentir, on cherche un style avec le truc qui va nous démarquer des autres. Trouver le style qui va embarquer les autres ; un style qui va créer le style qui sera ton style. On va zapper très vite sur les dessins préférés des ados (en se référant à l’époque lycéenne de notre héros soit les années 80… enfin très fin 80… voir 91, allez ok, 92) les petits cœurs avec les flèches accompagnés du petit kiss qui va bien (et ouais on est sauvagement bilingue), le chien avec un fameux triangle sur pattes courbées pour la truffe et les babines. Allez hop, oublions notre passé artistique et retour au héros !
Donc l’ennui aidant, et comme je vous le disais, notre héros va griffonner, dessiner et crayonner. Pour toute création, l’imagination se calque souvent sur un artiste qui nous attire dans son monde et nous laisse une place dans son histoire. Alors quand tu es fan de Casimir, tu dessines le kiosque de Julie, quand tu penses à Batman, tu croques une chauve souris – quand j’écris croquer je pense au dessin hein et pas à la gastronomie ! Bref, le tout, ou le fond du fond, c’est de trouver son idole. Et pour notre héros, cette recherche va être assez rapide.
Alors bien sur, comme tout lycéen, il a des musicos en tête, des films cultes, mais il a aussi et surtout un artiste à ses côtés ; et oui un artiste qui va l’inspirer. L’artiste qui a réussi à l’emmener dans son univers. Celui qui avec ses personnages crée un monde tout rond, tout douillet, tout en détail ; ce petit détail qui émerveille parfois notre regard ; ce petit détail qui provoque étonnement, surprise, mélancolie ou sourire. Ce petit détail qui va faire de ces personnages un autre être. Et oui quand tu réfléchis cher lecteur, il suffit parfois de voir un petit détail chez une personne pour s’en approcher, pour créer une connivence, pour être soi tout simplement. Alors vous l’aurez compris c’est sur ce petit détail que notre héros va justement se questionner et se créer son propre univers au regard de son artiste, le nommé et renommé, Fernando Botero. Esprit de contradiction aidant (on y reviendra à son esprit de contradiction !), notre héros se décide donc à créer un personnage plutôt longiligne et assez dépouillé à l’inverse des formes de Botero. Et le bout du bout de cette contradiction, c’est que non seulement le petit détail, il va le garder, mais il va faire de cet accessoire, sa griffe, sa marque, Son Botero, mais à la version pop. Alors se dit-il, nous l’appellerions botero POP…
Enfin ça, ça va venir un peu plus tard dans l’histoire mais il me fallait une petite conclusion pour clore cette introduction.